Position du 16 avril 11h00 UTC/ 44° 45 N - 018° 04 W



Distance parcourue: 96 miles



Journée avec très faible vent et donc les performances sont faibles.

L'anticyclone nous ralentit bien.

Ce matin pas de vent, nous sommes au moteur pour au moins 24h suivant le

Grib.



Marc et Eric en ont profité pour démonter l'éolienne, changer le câble et

refaire les connections. Essais à faire dès que le vent sera présent. On a

effectivement constaté que les connections étaient en mauvais état.



Un nouveau petit souci: on a perdu le signal AIS sur le Garmin et sur le

PC, bien que l'AIS soit présent à la VHF. Autre problème de connectique?


Et
voici votre « Nautic Transat Show » - l’hebdo du 7/05
au 13/05 :

Pour
ceux qui ne peuvent se connecter quotidiennement, nous avons décidé
d’éditer un hebdo de notre aventure. Plus détaillé que les
bulletins quotidiens mais pas forcément, plus drôle mais pas
forcément, plus véridique mais pas forcément… bref, ce sera la
même chose mais… pas forcément ! Nous sommes partis un
jeudi, aussi, nous enverrons l’hebdo tous les… jeudis !

 Jeudi 7/05/15





Une vraie bonne
nuit, une douche, un petit déjeuner en terrasse, Horta est bien
accueillante quand on sort de 3 semaines de mer.
On profite d’être
stable pour faire un nettoyage profond des cales du bateau. Les
bouteilles (eau, lait, jus de fruit…) qui y étaient entreposées
sont sales et graisseuses, nous les nettoyons une à une, elles ne
seront pas stockées au même endroit pour la suite du voyage.

Le mécanicien est
venu ce matin pour démonter le câble de l’inverseur, il revient
dans l’après midi avec le matériel neuf pour remonter le tout.
La fin d’après midi n’est donc libre pour tout le monde.
Enguerrand choisit, très chevaleresque, de rester à bord avec Eric
pour être présent lors du passage du réparateur. Amélie et Marc
louent donc, seuls, un scooter pour découvrir un peu les environs.
L’ile de Faial n’est pas un grand spot touristique mais quelques
lieux intéressants comme le cratère du volcan qui donna sans doute
naissance à cette ile est à voir, parait-il. Ce sera donc la
destination des bienheureux échappés du Yec’ Hed Mad. Les routes
sur l’ile sont identifiées sur les cartes par 3 couleurs, par
ordre d’importance : rouge, jaune et blanche. Les routes
principales, en rouge, sont relativement en bon état mais les routes
secondaires à l’intérieur des terres, les jaunes, sont des voies
juste carrossables. Pas possible de tester les blanches, rien que de
les apercevoir, les pneus se dégonflent.
Le cratère est
impressionnant nous faisons quelques photos mais il est déjà tard
il faut penser à repartir. En plus il fait froid sur ces hauteurs.
Cette escapade en 2 roues aura été rapide mais c’était bien
agréable.
Pendant ce temps là,
sur le bateau, le mécanicien est arrivé à l’heure, sans outils,
mais a remonté le câble avec les nôtres, tout est OK.
Et si nous faisions
une étape gastronomique avant de reprendre la mer demain matin ?
Les avis sont partagés, néanmoins, un petit resto local, repéré
et vanté par Marc, tente l’équipe qui se met en route. Beau petit
restaurant, désert, juste une table, un couple de Français qui s’en
vont 5 mn après notre arrivée. Seul bémol au décor, une
télévision diffuse son programme, pas le choix d’échapper aux
images, pour le son, on a demandé de mettre en sourdine, ce sera
fait. Le choix à la carte est large, on fait comprendre au serveur
que nous aimerions goûter à plusieurs entrées froides et chaudes
avant notre plat. S’est-on bien fait comprendre, ne va-t-il pas
revenir avec 14 assiettes d’entrées ? Les assiettes arrivent,
1, 2… 3, 4… 5, 6 ouf, c’est bien la dernière. Tout est très
bon, un accessit pour le boudin grillé et les poulpes. Les plats
sont également bons mais ceux qui ont choisi des mets de poissons
sont mieux lotis que ceux qui ont préféré commander de la viande,
les tranches sont plutôt trop cuites et sans beaucoup de saveurs. Il
n’y aura qu’un seul dessert, il est pour ce gourmand
d’Enguerrand. Nous prendrons 4 Cachaça, un alcool à base de
cannes à sucre, bien sûr dans le but unique d’aider à la
digestion ou peut être bien comme aide au sommeil considérant que
c’est notre dernière nuit à Horta ;-)





Vendredi
8/05/15






Debout de bonne
heure, un café, une part de brioche, une dernière douche chaude,
ultimes vérifications sur le bateau, tout est maintenant bien rangé,
bien calé à bord, l’équipage est prêt à appareiller, il est
9h30, on part.
Il est 10h, on ne
part plus. En effet, devant la capitainerie un Portugais en short
rose et tee-shirt bleu, nous avertit du dernier bulletin météo qui
annonce, pour les prochaines 24 heures, 60 nœuds de vent et une
forte houle, autant dire une tempête. Laissons la passer, voilà les
mots d’Eric ! C’est sage et bienvenu, un peu de repos
supplémentaire fera du bien à tout le monde. Retour à notre
ponton, à la même place pour encore 2 jours.
Nous en profitons
pour rappeler le mécanicien venu hier changer le câble de
l’inverseur car la marche arrière ne fonctionne déjà plus. Même
si l’important est d’aller plutôt de l’avant… la marche
arrière a des vertus dont on ne saurait se passer, ne serait-ce que
pour éviter d’embrasser les quais.
On va également
prendre une bonbonne de gaz supplémentaire car le concours du
« qui-fait-le-meilleur-pain-à-bord », s’il est bon
pour le moral et pour alimenter le blog en anecdotes, est aussi très
gourmand en gaz ! On ne va tout de même pas être contraints de
préparer toute notre pêche en sushi ;-)
D’ailleurs,
reparlons un peu de la pêche, il semblerait que vous soyez nombreux
à vous intéresser à nos techniques, curieux de notre savoir-faire
et avides d’informations complémentaires. Nous voudrions bien
partager nos « trucs & astuces » mais le blog n’est
pas dimensionné pour recevoir autant de données, désolé ! Ce
qui est sûr, c’est que notre renommée, elle aussi, à traversé
l’Atlantique. Nous nous voyons récompensés de notre mérite,
aujourd’hui même, par un équipage de Français qui a péché une
belle pièce, un thon de 10kg, et qui nous demande d’accepter, en
hommage à notre savoir-pêcher, les deux tiers de la prise. Comment
refuser sans froisser ou sans paraitre dédaigneux ? Nous
acceptons l’obole et c’est grand plaisir que de voir leur joie
s’afficher sur leur visage radieux !
Tout avait été
fait à bord en prévision de notre départ, travaux, nettoyage du
bateau, eau, gas-oil, vivres… puisque nous devons rester sur
place, nous pouvons donc consacrer du temps pour visiter un peu Faial
tous les 4. Nous louons des scooters et nous voilà partis pour une
piscine naturelle située à l’ouest de l’île. Spot indiqué à
Amélie par l’agence de tourisme. L’air est frais et aucune
protection pour le pilote sur ces engins, nous supportons bien nos
vestes de quart. Peu de monde sur la route, nous y sommes en 45 mn.
C’est là et pourtant si l’on voit bien d’en haut une crique
dans laquelle s’engouffrent les vagues, personne n’est tenté d’y
mettre un orteil, c’est limite dangereux. On contourne le parking
et on aperçoit un sentier bétonné qui serpente entre d’énormes
blocs de lave solidifiée. On le suit et après 50m apparaît un
bassin alimenté en eau par une trappe qui donne sur la mer. Les
vagues s’engouffrent dans la trappe et crée une mini vague qui
remplit le bassin. Tout y rentre, poissons, méduses, algues, écume
de mer… nous décidons malgré toute cette faune, cette flore et le
froid, d’y faire quelques brasses. Ca pique un peu, l’eau est
aussi chaude qu’à Belle-Ile. Enguerrand est le 1er à
s’immerger suivi après quelques 5 minutes d’hésitation et
beaucoup d’encouragements par Amélie. Eric a élu domicile
sur les rochers, il est résolu à y rester. Marc prend des photos,
des vidéos de la belle scénographie aquatique de ses courageux
équipiers et la perspective de les rejoindre… s’éloigne !
Et puis, sous les railleries, il se force à se mettre à l’eau…
la baignade pour tout le monde ne s’éternise pas, vous vous en
doutez bien !

On nous a aussi
suggéré une foire aux bestiaux dans l’Est de l’île, il y
aurait beaucoup d’attractions, plusieurs sites de restauration, des
danses folkloriques, un groupe de rock en 2ème partie,
une grosse ambiance, quoi ! Forcément, sur ce coup là, tout le
monde est d’accord, ON Y VA ! La présentation était
alléchante ? On va rester là-dessus, en fait, y’avait pas
grand-chose de vrai dans tout ça ou pas avec l’idée qu’on s’en
faisait, nous rentrons !

Nous sommes vendredi
soir et au passage nous apprenons qu’au Peter Café, y’a un
chanteur folk/pop qui doit se produire, ça va être la fête !
On peut tromper 1000 fois 1 personne mais on ne peut pas tromper 1
fois 1000 personnes… non, c’est l’inverse. Bref, on y va, on y
prend l’apéro en terrasse et puis même une table pour diner, nous
serons ainsi bien placés pour le spectacle. L’ambiance est très
sympa, nous y rencontrons un couple de Français (Audrey &
Pierre) qui ont passé 9 mois dans la mer des Antilles et qui s’en
retourne en métropole. Ils sont accompagnés par un une skippeuse,
Mélissandre, à la forte personnalité. Ils ont fait appel à cette
amie, professionnelle de la voile, pour les accompagner pour le
retour, jugé plus difficile que la descente avec les alizées. Bien
leur en a prit, ils étaient à 250 milles dernière nous et on
encaissé la grosse dépression à laquelle nous avons échappée en
partie, avec des vents à 60 nœuds. Leur « petit »
Dufour 31 s’est couché 2 fois et la présence d’une pro leur a
sans doute bien facilité la tâche pour ne pas dire plus car il y a
eu beaucoup de casse (et quelques malheurs) dans cette zone pendant
cette tempête. Arrivés du jour même, sans doute encore un peu
stressés, ils se lâchent bien et s’amusent beaucoup, nous aussi.
L’heure avance
jusqu’à devenir tardive, les quais pour rentrer paraissent plus
larges que d’ordinaire et le trajet plus long qu’à l’accoutumée,
ça fait du bien de retrouver sa couchette…






Samedi
9/05/15






Bon, l’actu du
samedi va être courte, vu qu’on est un petit peu sortis hier soir,
la matinée est donc passée très vite… dans le duvet !
Nous déjeunons vers
14h, une tranche de jambon et quelques nouilles, agrémentées d’une
sauce Roquefort.
Il faut rendre les
scooters vers 15h30, dernière petite balade vers les hauteurs
d’Horta pour y visiter une chapelle et profiter du panorama même
si le ciel est bien gris. Ensuite, dernière petite lessive, lavage
du pont du bateau, recherche de la recette du « tartare de
thon », il en reste au moins 3kg, on essaie donc de varier les
plaisirs.
Comme il est de
coutume à Horta, l’artiste du bord, en l’occurrence Enguerrand,
se fend d’une œuvre d’art picturale pour symboliser notre
traversée. La fresque est exécutée sur un des murs d’enceinte de
la marina et éclabousse de sa splendeur les autres gribouillages.
Elle représente le visage d’Eric au centre d’une barre à roue.
En marge, figurent le nom du bateau, nos prénoms et le millésime de
cette traversée.
19h30, un Ti Punch
puis Eric exécute au pied de la lettre les indications piochées sur
le web de la recette du tartare de thon. C’est une véritable
réussite, que c’est bon (c’est vrai qu’on le sait tous, le
thon, c’est ???). En accompagnement, un chou blanc en salade,
croquant à souhaits, quelques chips, tout en parfaite harmonie avec
la saveur du thon ainsi préparé.

Départ prévu
demain matin 8h, on va rester un peu au calme ce soir, juste une
‘tite visite de courtoisie, la dernière, au Peter Café… quand
même !












Dimanche
10/05/15






Dernière douche
chaude. 7h56 largage des amarres de notre ponton, arrivée 7h59 à la
capitainerie. Les formalités de départ une fois faites par Eric, on
redémarre le moteur, on est partis. Beau soleil, la mer est houleuse
mais le vent est absent (3 nœuds), on reste au moteur, cap au 52,
puis dans quelques milles ce sera cap au 45, Ouessant droit devant,
direct ou presque. 1 heure passe, on met la grand voile, le génois,
le vent est faible, on avance à 3 noeuds. Cette seconde partie de
notre transat commence vraiment doucement. Amélie en profite pour
jeter une ligne à l’eau, comme d’habitude, ça mord. C’est un
gros, un thon germon de 7 kg au moins et splendide, bien dodu. Vidé
et découpé dans l’instant en darnes et mis dans notre frigo pour
agrémenter nos repas à venir.
L’équipage a
petit appétit, on déjeune d’un taboulé (semoule, tomate,
concombre), c’est tout !
Le vent est
décidément absent de ce début de parcours, on remet le moteur. Ca
pourrait changer pendant la nuit ou au petit matin, on espère en
tout cas.
Après midi calme et
ensoleillée, ponctuée de belles rencontres avec des dauphins qui
jouent longtemps à l’avant de notre bateau, le temps de faire de
magnifiques vidéos-souvenirs. Nous avons aussi aperçu 3 geysers de
baleines et vu le dos d’une, solitaire.
L’heure du dîner
arrive, le menu est tout trouvé, comment s’en priver, ce sera
notre thon, péché du jour, juste poêlé, servi « al dente »
avec quelques haricots verts extra-fins réchauffés avec un peu de
beurre et… d’ail !
Enguerrand a
organisé les quarts, Marc hérite du 1er (21h-0h),
Enguerrand fera le 0h-3h, Eric verra peut être le soleil se lever
pendant son 3h-6h, à moins qu’Amélie, hors quart cette nuit,
n’aie cette primeur en prenant la relève à 6h.






Lundi 11/05/15





Au moteur jusqu’à
4h puis Eric met à la voile avec 1 ris et le génois. Amélie prend
le relais à 6h et prend 2 ris supplémentaires avec Enguerrand car
le vent est bien monté, autour de 25 nœuds, on est au-près, houle
3/4 face, ça cogne un peu… Vers 11h, on enroule le génois et
hissons le solent (voile d’avant plus petite), ce sera plus
confortable d’autant qu’on attend un encore peu plus gros !
Dans ces conditions
de mer, cuisiner est épuisant. On fait bouillir de l’eau, ce sera
du riz et tranche de thon poêlées pour le déjeuner. Ce festin sera
servi au bol, tiède et c’est très bon. En dessert, une bière !
L’après midi est
sportif, toujours du vent, de grosses vagues inondent le pont,
giflent le barreur et testent l’étanchéité des vestes de quart.
A ce petit jeu, aidé du ciel et de quelques bons grains, on déclare
l’Atlantique Nord vainqueur, il faudra reprendre les quarts de nuit
avec nos vestes détrempées.
Diner raviolis 1 bol
maigre et 1 autre enrichi du reste du thon du déjeuner, un petit
verre de vin rouge et tout le monde se sépare, déjà bien fatigués.
Le
1er quart est pour Émilie, encore du vent, 25 noeuds et
jusqu’à 30, de la houle, des grains, Enguerrand l’accompagne
jusqu’en fin de soirée.


 Mardi 12/05/15





Le quart d’Émilie
s’est finalement terminé sur un petit vent de 15 nœuds. Minuit,
début de la relève de Marc, il constate avec Émilie que les vents
permettent de virer de bord et de reprendre un cap au 30 plus en
adéquation avec la destination. Sur avis d’Enguerrand avec ce
nouveau cap et cette force de vent, ils décident d’affaler le
solent, d’hisser la grand voile et de remettre du génois. Ils
seront grandement aidés par Eric, hors quart, qui coordonne le tout.
Nous faisons du cap mais à petite vitesse, le vent tombant à 7
nœuds. C’est Enguerrand qui retrouvera les faveurs de ce vent
capricieux vers 4h du matin. Capricieux mais généreux, il lui
offrira même 25 nœuds… ce qui obligera Enguerrand a prendre,
seul, et par 2 fois, un ris au pied du mât. La trajectoire par
contre a souffert, nous sommes au 320. Il est 6h, Eric prend le
relais, le vent toujours à 20 nœuds tourne, nous revenons ainsi sur
un cap au 20 et une vitesse stable à 6 nœuds au-pré. Les nuages
sont moins gris, la houle s’arrondit, on aperçoit même le ciel,
bleu par endroit.

Pour le déjeuner,
Eric nous prépare un énorme saladier de thon à la tahitienne (thon
cru avec jus de citron vert, carottes râpées, concombre, oignon
rouge, tomate et lait de coco)
Le ciel est
maintenant bien dégagé, la mer se calme, c’est plaisir de
naviguer avec 15 nœuds de vent dans ces conditions. Le soleil perce
et même si l’air est frais, au plus près du cockpit, on sent la
chaleur bienfaisante de ses rayons. C’est le moment de faire sécher
nos affaires…
Nous avons passé la
barre des 1000 milles, on aperçoit la ligne droite des stands ;-)
Pour le dîner, on
jette 1 boite de tomates pelées, 1 de petits pois-carottes et 1 de
champignons-aubergines dans un faitout avec le riz que nous avions
fait la veille en grande quantité, servi avec une tranche épaisse
de la fin de notre talon de jambon, voilà encore un repas simple
mais que tout le monde apprécie.

Eric est de 1er
quart, grand largue, limite vent arrière, on croise à 6 nœuds
avec des vents à 15 nœuds. Sur les gribs reçus ce soir, on
découvre une dépression, elle devrait nous arriver du nord-est et
nous réveiller « gentiment » vers 4h…






Mercredi
13/05/15






La dépression est
arrivée un peu plus tôt, vers minuit. Mer un peu plus forte, vent
autour de 20 nœuds de l’arrière, mais gérable par Gédéon avec
surveillance pour éviter des empannages fortuits lors des surfs et
des rafales à 25 nœuds. Le vent est resté sur cette base, seule la
houle a forci sur le matin sur la fin du quart de Marc vers 5h30 et
la relève d’Enguerrand était la bienvenue.
Il est 10h, les
conditions sont bien meilleures, le soleil fait même une apparition
franche au cœur d’un ciel encore un peu nuageux. Enguerrand nous
assure que les gribs nous prévoient un tapis roulant et du soleil
pour les 3 prochains jours…

Les gribs, les
gribs ! Vous savez ce que c’est ? Le grib est une fiche
de prévision des vents dans une région donnée, on vous l’avait
un peu précisé dans nos commentaires. En fait, à la réception de
ces fichiers, tout le monde se penche dessus et y va de son
commentaire, ceci, cela et patati et patata, et moi, et moi et moi et
les 50 millions de petits Chinois donnent aussi leurs avis ! Qui
est le plus menteur le grib ou le griber (néologisme), celui qui les
décrypte ? Car, le lendemain, le résultat des courses connu,
on nous explique qu’en effet, était annoncée une nuit étoilée
avec des vents de 10/12 noeuds venant de l’Est mais qu’entre
temps, compte tenu de l’augmentation subite de la masse nuageuse en
suspension et de l’effet conjugué des nuages de haute pression et
de la dilatation de l’atmosphère en cette zone précise du globe
où l’on se trouve, on a eu des vents à 25 nœuds de Nord-Ouest,
beaucoup de grains (pluie) et que c’est normal, on vient, à
nouveau, de nous l’expliquer à l’instant, en montrant du doigt
l’horizon gris à droite et gris à gauche… mais un peu moins à
gauche ! C’est vrai qu’au début, pendant les 2 premières
semaines au moins, on gobe tout, les gribers sont pour nous de
véritables magiciens, des dieux aux pouvoirs divinatoires ! Au
final, les gribs sont des partitions venteuses offertes (mais
payantes) à des bonimenteurs de foire à 2 sous qui jouent
divinement bien de cet instrument à vent. Par chance, nous avons, à
bord, un griber, probablement le meilleur griber de tous les temps
pour tous les temps : beau-temps ou mauvais-temps… Oui,
Enguerrand endosse ce rôle tous les matins et nous concocte une
météo taille patron ou sur mesure. C’est simple, il est à la
météo marine ce que Yves Saint Laurent fut à la mode ou Maïté à
la cuisine du Sud-Ouest, une idole ! Amélie et Marc, les
crédules du bord, sont toujours sous son charme et dans l’attente
de ses nouvelles griberies (néologisme). Néanmoins, la pression sur
lui est maintenant forte car, suivant le cas, si Enguerrand a eu
raison dans ses prévisions, ils l’appellent Engué-grand, s’il a
eu tort, ils le surnomment, Engué-grain !
Il est 13h, il fait
beau et chaud, l’équipage mange dehors sur la plage arrière. Au
menu tous les restes : ce sera thon-à-la-tahitienne/taboulé
pour Eric et Marc, thon grillé/riz aux légumes pour Amélie, une
tranche de pain avec fromage de chèvre pour Engué…grand puisqu’il
fait beau et chaud !
Diner :
dernière darne de thon (faut pas gâcher) pour Eric et Marc, tranche
de jambon-petits légumes pour Amélie et Engué… grand car oui, il
fait toujours beau !




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4 semaines que nous
avons pris la mer depuis la Martinique, ses accras, son poulet
boucané, ses plages, sa marina, cela nous semble faire déjà 3
mois. Il y a bien eu cette escale récente à Horta sur l’ile de
Faial, son ambiance authentique de voileux/transateux, le mythique
bar/resto/pub, « THE » Peter Café fréquenté pour la
plus grande partie par des marins. Et puis, bien sûr, il y eut, les
sorties, découverte de l’île, en scooter. Pourtant, à peine
quelques jours plus tard, tout cela nous parait déjà bien loin.
A bord, on vit le
quotidien comme la mer nous y oblige, nous le permet. Chaque moment
est un événement, chaque action est définie dans un espace-temps,
c’est sans doute pareil dans nos chez-nous, à terre, mais sur le
bateau on ressent l’instant présent avec une acuité beaucoup plus
forte, plus pointue, plus exacerbée. Il est vrai qu’on prévoit à
peine des choses aussi basiques que les repas, nous n’avons aucune
assurance quant à notre situation exacte à plus de 3 heures.
Étrange cette approche, cette sensation de l’impermanence des
choses. Dans sa phase créée, demain n’est pas certain, après
demain n’a pas de forme, la semaine prochaine devient juste une
projection de nous même dans un avenir qu’il nous faut inventer et
qui sera peut être différent de la réalité : est-ce qu’on
sera arrivés ? Proches de l’être ? Qui viendra nous
accueillir ? Comment vivrons nous la fin de cette aventure ?
A Horta, personne à
bord, n’a pris connaissance des nouvelles du Monde, ni même de la
France, incroyable. C’est simple, mis à part notre quatuor et le
bateau, vous seuls avez compté pour nous ! Bon, ça c’était
pour l’aspect philosophico-métaphysique, y’a pas que les gribs
et les gribers dans la vie ;-)
Quand vous lirez cet
hebdo N°4, nous serons à quelques jours de nous retrouver,
attendez-vous à ce que nos histoires de mer soient encore plus
belles, plus intenses que toutes celles que vous avez jamais lues ou
jamais entendues. Sauf, bien sûr, si c’était… les vôtres !




Si vous avez des
questions, n’hésitez pas, laissez un message sur le blog (Gilles,
l’administrateur expert, nous le relayera)